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–> Fondements éthiques du métier de Conservateur-Restaurateur

Conservateur-Restaurateur du Patrimoine au LC2R Draguignan

INTRODUCTION

La conservation-restauration du patrimoine est un domaine énigmatique et méconnu des médias dans son ensemble. Dans l’esprit du grand public, les conservateurs-restaurateurs apparaissent comme des « bricoleurs avant-gardistes », ce qu’ils ne sont pas. Les enjeux de sûreté des collections confiées, souvent prestigieuses, parfois convoitées, imposent aux conservateurs-restaurateurs une discrétion maximale ce qui nuit à leur visibilité et limite les possibilités de communication.

Les principales activités professionnelles des conservateurs-restaurateurs du patrimoine (diplômés d’état : grade master) sont le constat d’état, la conservation curative/préventive et la restauration (traitements mécanique et chimique). Leurs activités sont différentes de celles des professions artistiques ou artisanales. En effet, le conservateur-restaurateur ne crée pas d’objets culturels nouveaux et ne reconstruit pas ce qui n’existe plus, il ne répare pas les objets, ne rénove pas les œuvres. Le rôle fondamental du conservateur-restaurateur est de stabiliser et de préserver les biens culturels au bénéfice des générations présentes et futures. Ses interventions permettent par exemple sur les objets métalliques de révéler toutes les informations archéologiques et historiques (décors, traces de fabrication, d’usure, d’éléments organiques, etc.) masquées par les sédiments et les produits de corrosion. Ils travaillent en équipe et s’entourent de partenaires venant d’horizons divers (archéologues, conservateurs de musée, compagnons, historiens, historiens de l’art, scientifiques, etc.). Ce métier est passionnant, complexe et exigeant. Il est à la confluence de plusieurs disciplines. Il nécessite un esprit de synthèse, une remise en cause quotidienne des connaissances et une capacité d’adaptation importante. Chaque objet est unique et impose un diagnostic spécifique. Les interventions appliquées sur les objets suivent des protocoles que l’on doit à chaque fois réviser et adapter à l’état de conservation des objets.
Dans l’exercice de sa profession, le conservateur-restaurateur est amené à respecter un code de déontologie (Règles Professionnelles de l’ECCO : Confédération Européenne des Organisations de Conservateurs-Restaurateurs) dont les principaux items sont : intervention minimum, lisibilité, réversibilité, compatibilité et conservation préventive.

Les Conservateurs-Restaurateurs du LC2R Draguignan sont diplômés du Master de Conservation-Restauration de Biens Culturels de l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne. Ils disposent en outre d’un niveau doctorat (anciennement DEA 3ème cycle). Leur spécialité porte sur les métaux et les matériaux composites. Ils sont habilités à intervenir sur les collections des musées de France. Ils travaillent pour les archéologues (chantiers de fouilles, dépôts de fouilles…), les conservateurs (musées), et parfois pour les antiquaires, la clientèle privée et les collectionneurs. Leur compétence s’exerce plus spécifiquement en région PACA, en Corse, en Languedoc-Roussillon et aux DOM-TOM.
Leur principale activité consiste à stabiliser, à dégager et à préserver le mobilier métallique en grande partie terrestre et/ou sous-marin. Les matériaux traités sont les objets en or, en argent, en alliage cuivreux, en étain, en fer, en plomb et les objets composites (métal/métal ; métal/cuir minéralisé ; métal/bois minéralisé ; métal/textile minéralisé). Le premier objectif consiste à mettre en évidence toutes les informations archéologiques et historiques masquées par les sédiments et les produits de corrosion. Les techniques employées sont d’ordre mécanique, chimique et/ou électrolytique. Avant toute intervention, ils réalisent une couverture photographique et/ou radiographique, élaborent des constats d’état destinés à mettre en œuvre un traitement parfaitement adapté à l’état de conservation de l’objet. En effet, chaque objet est unique et nécessite d’adapter les protocoles et non d’adapter les objets aux protocoles. Il ne s’agit pas de « recettes de cuisine », l’état de conservation de l’objet dicte les traitements à appliquer. Si au cours du dégagement mécanique, des analyses qualitatives et/ou quantitatives s’avèrent indispensables, nous faisons appel à notre réseau de partenaires scientifiques. Les conservateurs-restaurateurs sont à la croisée de plusieurs disciplines, ils jouent ainsi un rôle d’intermédiaire entre les sciences humaines et les sciences dures. De part leur connaissance des mécanismes d’altération, des traitements chimiques et physiques, de leur capacité à identifier les matériaux et les techniques de l’objet, ils sont à même de proposer les analyses complémentaires à effectuer. Ils peuvent fournir aux archéologues et aux conservateurs une expertise approfondie des objets.
L’objet incomplet, déformé, cassé n’est pas réparé, redressé, remonté ni reconstitué. Le but n’est pas de le rendre opérationnel, de remplacer les parties manquantes, de lui restituer un aspect neuf… Ces déformations, ces traces d’usures font partie de l’histoire de l’objet. Cependant, aujourd’hui, nous disposons de nouvelles technologies qui nous permettent de proposer à nos « clients » différentes solutions telle que le scanner, la numérisation, la digitalisation 3D…. Ces outils permettent d’intervenir virtuellement sur les objets. Ce travail est possible grâce à l’intervention de nos partenaires (cabinets d’informaticiens, centres de recherche, universités, écoles d’ingénieurs….).

Toutes les opérations réalisées sont regroupées dans un rapport de restauration, ce dernier comporte la fiche d’identité de l’objet (numéro d’inventaire, numéro de laboratoire, numéro de devis, provenance, dimensions, traitements effectués, informations révélées lors du dégagement mécanique), les photos avant, pendant et après restauration et enfin les conseils de présentation muséographique, de manipulation et de conditionnement post-traitement. Les objets restaurés sont restitués avec leur rapport de restauration et l’ensemble des données est gravé sur CD.

Les interventions réalisées par les conservateurs-restaurateurs sont comparables à une enquête scientifique dont le but est de révéler le maximum d’informations archéologiques (traces de fabrication, d’usures, présence de matériaux composites minéralisés, etc.), historiques, techniques, etc. Ces interventions s’effectuent en laboratoire, elles exigent de la rigueur, de l’expérience, un esprit de synthèse et une bonne capacité d’adaptation. Le travail d’équipe est primordial, il favorise les échanges et maintient les professionnels dans une veille technologique. Toutes les données sont ensuite livrées aux archéologues et aux conservateurs de musée qui leur permettront à la fois d’améliorer leur compréhension des objets et leur présentation.

Outre toutes ces activités, le conservateur-restaurateur est également amené, au quotidien, à monter des devis, des rapports d’expertise, à se rendre sur site afin « d’ausculter » les objets, il délivre aux archéologues, aux conservateurs des conseils concernant la conservation préventive, le soclage, la manipulation des objets, le prélèvement des objets sur les sites de fouilles, le stockage des objets dans les dépôts de fouille, etc. Il est amené à participer et à organiser des colloques, des réunions de travail, à rédiger des articles. Il peut encadrer des stagiaires, délivrer des cours en universités. Enfin, il participe à des programmes de recherche nationale et européenne.

Les conservateurs-restaurateurs, spécialistes du patrimoine, exercent un métier difficile qui exige une grande responsabilité, celle de préserver le patrimoine culturel, d’améliorer sa compréhension et d’aider à sa mise en valeur.

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